Tout d’abord, le terme « anxiété » est souvent utilisé dans le vocabulaire familier pour exprimer une forme de nervosité, d’inconfort ou d’état passe-partout lorsque nous ne nous sentons pas bien.
« je suis anxieux aujourd’hui », « je me sens trop anxieuse de faire ça », « je fais une crise d’anxiété! »
L’on peut accepter l’utilisation familière du mot, mais il est important de différencier celle-ci des symptômes anxieux et des troubles anxieux.
Déterminons d’abord qu’est-ce que l’anxiété, ses symptômes, ses causes et ses conséquences autant physiques que mentales.
La peur de dangers irréels
L’anxiété est un ensemble de réactions (réactions physiologiques, cognitives, émotionnelles et comportementales) du corps qui réagit (système d’alarme) face à un danger perçu.
Ces réactions sont diverses et se représentent différemment d’une personne à l’autre, mais en général, une personne ayant des symptômes d’anxiété vivra des réactions :
1) Physiologiques : maux de tête, mal de ventre, maux de cœur, douleurs musculaires, étourdissements, hyperventilation, pression artérielle, insomnie…
2) Cognitives : difficultés à se concentrer ou inversement des pensées obsessionnelles et envahissantes, trouble de la mémoire, hypervigilance, sur-planification, fatigue cognitive…
3) Émotionnelles : instabilité émotionnelle, sautes d’humeur, sentiment d’agitation, difficulté à vivre les émotions dans le moment présent…
4) Comportementales : tendance à éviter certaines situations, présence d’objets, de phrases ou de personnes sécurisantes, sur-réactivité au changement et à la perte de contrôle…
La définition semble identique à celle du stress. Cependant, on observe que dans l’anxiété, le corps réagit par rapport à un danger perçu, mais qui n’est pas réel dans le moment présent.
Nous parlons alors de :
1) Ruminations : peur que quelque chose vécu dans le passé se reproduise, ex : je me suis déjà fait attaquer par un chien à 9 ans et j’ai maintenant peur d’être attaqué par des chiens.
2) Anticipations et appréhensions : peur de quelque chose qui n’est pas réel dans le moment présent, mais qui pourrait éventuellement arriver dans le futur, ex : j’ai peur d’avoir un accident de voiture et d’être gravement blessée.
On remarque alors que la perception du danger n’est pas dans le moment présent, mais soit dans le passé, le futur ou un ensemble des deux.
Lorsque nous souffrons d’anxiété, notre organisme réagit de la même manière que lorsque nous sommes confrontés à un danger immédiat, ex : une voiture nous fonce dessus et nous devons l’éviter.
Notre corps s’active alors; notre rythme cardiaque accélère, notre système digestif se met au repos, nos muscles se contractent, notre souffle est plus rapide…. Notre cerveau s’active également en concentrant toute son attention sur la situation dangereuse. Nos émotions peuvent être chamboulées par ce danger, nous vivons alors de l’instabilité émotionnelle et nous avons tendance à surréagir et à faire preuve d’hypervigilance.
Tandis que notre corps se prépare à fuir le danger, l’éviter, le résoudre ou l’attaquer, nous nous rendons compte que nous ne pouvons rien faire, car le danger n’est pas réel. Il n’est pas présent devant nous, il n’est pas tangible, il est dans le passé ou le futur.
Nous avons alors aucun contrôle sur le danger et la situation.
D’où vient l’anxiété?
Maintenant nous comprenons que l’anxiété, de manière très vulgarisée, est la peur de quelque chose qui n’est pas réel (ce qui ne veut pas dire « imaginaire » comme les vampires ou les loups-garous), mais bien qui ne sont pas tangibles dans le moment présent.
Mais, qu’est-ce qui fait en sorte que certaines personnes ailles développer un trouble d’anxiété?
Il y a plusieurs facteurs qui influencent la prédisposition d’une personne à vivre des symptômes d’anxiété et à développer un trouble d’anxiété.
Un trouble d’anxiété est présent lorsque le niveau de fonctionnement de l’individu est grandement affecté par les symptômes anxieux. Au niveau clinique, un trouble anxieux est diagnostiqué lorsqu’une personne répond à plusieurs critères prédéterminés et que les symptômes ne sont pas causés par de la médication ou tout autre trouble de santé mentale.
Tout d’abord, il y a un impact héréditaire sur l’anxiété. Ainsi, les personnes ayant des parents et des membres de leur famille proche souffrant d’anxiété ont plus de risque d’eux-mêmes avoir des symptômes anxieux. En ce sens, il y a également l’influence de l’environnement familial et social sur le développement de l’anxiété. Un individu vivant dans une famille souffrant d’anxiété ou qui se trouverait dans un environnement instable et insécurisant pourrait plus facilement développer de l’anxiété qu’une autre personne n’ayant pas ces facteurs environnementaux.
Enfin, certaines études suggèrent le facteur de la personnalité et du tempérament. Ceux-ci seraient observables dès la naissance et l’enfance. Il y aurait des bébés au tempérament anxieux qui réagiraient plus fortement aux bruits et aux situations « dangereuses » que les bébés sécurisés, ex : les parents qui quittent la pièce dans laquelle se trouve le bébé, un bruit strident. Les individus ayant un tempérament anxieux auraient alors une plus forte prédisposition à développer des symptômes anxieux et un trouble d’anxiété. Il s’agit ainsi de facteurs biopsychosociaux.
La courbe d’anxiété
Lorsqu’une personne souffre d’anxiété, elle vit, de manière inconsciente ou consciente, ce que l’on appelle la courbe d’anxiété.
Voici un visuel de cette fameuse courbe d’anxiété.
Comme nous le voyons sur ce schéma, l’on peut observer le processus de déclenchement de l’anxiété face à un danger irréel. Une situation dangereuse est d’abord identifiée, ex : la peur d’oublier un rendez-vous ou la crainte d’avoir un accident. Puis, notre inconfort en lien avec cette situation va augmenter, notre niveau d’anxiété va augmenter, pouvant aller de 1/10 à 10/10. L’augmentation graduelle du sentiment d’inconfort peut alors devenir intolérable et nous allons vouloir l’arrêter.
J’expliquais plus tôt que le danger n’est pas réel. Il est alors difficile de résoudre un problème lorsque celui-ci n’existe pas encore ou de régler un conflit quand il n’a pas encore eu lieu. Un moyen de reprendre le « contrôle » de la situation est donc de l’éviter ou de se rassurer pour mieux la tolérer.
1) L’évitement : éviter cognitivement, émotionnellement et physiquement une situation, une personne ou un lieu perçu comme dangereux, ex : éviter les foules, ne jamais aller dans les événements sociaux, changer de chemin pour éviter un chien…
2) Les comportements sécurisants : l’on parle de comportements que nous effectuons, consciemment ou inconsciemment, pour se rassurer en lien avec un danger perçu, ex : la sur-planification pour être certains d’avoir le contrôle de la situation, l’hypervigilance afin de s’assurer de ne pas vivre d’imprévus ou des petits gestes ou symboles sécurisants comme des porte-bonheurs, des médicaments ou pensées sécurisantes.
Lorsque l’on ne tolère pas notre niveau d’anxiété et que nous choisissons l’évitement ou les comportements sécurisants, nous enclenchons le nuisible cycle de l’anxiété. Car, la mise en place de comportements d’évitement ou de comportements sécurisants va temporairement diminuer le niveau d’anxiété, mais ces comportements vont augmenter la difficulté à gérer son anxiété à long terme. Moins on n’arrive à tolérer l’anxiété et plus on évite celle-ci, plus l’on risque de développer un trouble d’anxiété et de rester prit avec celui-ci.
Comment gérer son anxiété?
Que nous ayons des symptômes anxieux ou un trouble d’anxiété, nous voulons en arriver à surmonter notre anxiété. « Surmonter », car pour efficacement combattre l’anxiété, il faut passer au travers de notre peur, tolérer l’inconfort de l’anxiété et en arriver à ne plus percevoir une situation comme dangereuse. C’est ce que l’on peut nommer : rationaliser notre système d’alarme. Nous voulons développer un esprit critique qui pourra correctement évaluer et différencier les dangers réels (je marche et je vois une voiture me foncer dessus) d’un danger irréel (la peur qu’une voiture me fonce dessus lorsque je vais marcher demain, tandis que je suis présentement assise dans ma cuisine).
Comment en arriver à surmonter notre anxiété? Grâce à la gestion émotionnelle, la restructuration cognitive et l’exposition comportementale. Nous allons ainsi intervenir sur les émotions, le cognitif et le comportemental, afin d’efficacement gérer l’anxiété.
L’approche que je vous présente aujourd’hui est une approche parmi plusieurs autres. Elles sont toutes autant valides les unes et les autres. Je pense qu’il est pertinent pour les personnes souffrant d’anxiété d’essayer différentes approches d’interventions lorsqu’une approche ne vous convient pas. Donnez-vous les outils afin de vous sentir mieux!
1) La gestion émotionnelle : cette intervention se résume en l’identification, la compréhension, l’acceptation et l’expression de ses émotions, afin de s’en libérer et de pouvoir passer à autre chose,
Exemple : je me sens tellement anxieuse d’aller à un événement social avec une amie, que je décide de ne pas y aller, mais je me sens coupable. J’identifie ma culpabilité, j’essaie de comprendre d’où elle vient, je l’accepte et cela me donne le courage d’en parler avec mon amie.
2) La restructuration cognitive : Brièvement, cette intervention regroupe plusieurs techniques qui ont comme but de modifier les croyances erronées et les pensées envahissantes des individus, afin de leur offrir une meilleure flexibilité psychologique et de percevoir leur réalité avec un meilleur sens critique.
3) L’exposition graduelle : Cette intervention consiste à s’exposer à l’élément déclencheur de la peur/du danger, de manière graduelle. Ainsi, l’on augmente graduellement notre niveau d’anxiété, puis nous apprenons à tolérer l’anxiété jusqu’à sa diminution ou son extinction. L’objectif est de réduire le niveau d’anxiété global, jusqu’à ne plus percevoir la situation comme dangereuse.
Nous retenons alors que l’anxiété est un ensemble de réactions du corps qui survient par rapport à un danger perçu qui s’avère être irréel. Mais le corps ne le sait pas encore, alors il réagit comme s’il était face à un réel danger. Ce qui engendre des symptômes physiologiques, émotionnels, cognitifs et comportementaux à moyen et à long terme.
Lorsque nous ne pouvons pas tolérer cette anxiété et que nous évitons ou nous rassurons, le niveau d’anxiété diminue à court terme, mais devient plus important et difficile à gérer à long terme.
Nous pouvons opter pour de la psychothérapie, afin de traiter les symptômes en intervenant sur les émotions (gestion émotionnelle), notre perception des choses (restructuration cognitive) et nos réactions comportementales (exposition graduelle).
Il est important de noter qu’il existe divers troubles anxieux, ayant des éléments déclencheurs différents (ex : les interactions sociales, les animaux, la performance, les imprévus…). Si jamais vous pensez souffrir de symptômes anxieux, je vous invite à vous renseigner sur les services offerts en psychothérapie pour vous aider à rapidement prendre votre soin de santé mentale et vous permettre de vous donner tous les outils possibles pour vous aider à surmonter l’anxiété.
Elsa Brais-Dussault, D.Psy
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