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Elsa Brais-Dussault

L’exposition graduelle à l’anxiété : Oui, les jeux de société peuvent aider!

J’abordais dernièrement la définition de l’anxiété et des stratégies de gestion de celle-ci.

Nous avons appris que l’une de ses stratégies d’intervention est l’exposition graduelle à la source de la peur ou du danger irréel.


Ainsi, l’exposition graduelle se définissait comme : une intervention qui consiste à s’exposer à l’élément déclencheur de la peur/du danger, de manière graduelle. L’on augmente graduellement notre niveau d’anxiété, puis nous apprenons à tolérer l’anxiété jusqu’à sa diminution ou son extinction. L’objectif est de réduire le niveau d’anxiété global, jusqu’à ne plus percevoir la situation comme dangereuse.


Les étapes de l’exposition graduelle


La première étape de l’exposition graduelle est de faire l’échelle d’exposition à l’anxiété. Donc, de faire une liste des éléments qui nous rend anxieux, puis de noter notre niveau d’anxiété pour chaque élément et de les mettre en ordre ascendant, ex : aller prendre un café avec une amie 3/10, aller à la fête d’une connaissance 5/10, aller dans un bar pour un événement 8/10.

Par la suite, nous allons nous exposer à ces éléments anxiogènes de manière ascendante, jusqu’à ce que le niveau d’anxiété ait diminué en dessous de 2/10 ou que celui-ci soit disparu, et ce, à plusieurs reprises.

Afin que l’exposition soit efficace, plusieurs consignes doivent être respectées, notamment ce que j’apprécie d’appeler : « éviter d’éviter », en d’autres mots, éviter le plus possible de se rassurer durant l’exposition ou de remettre au lendemain. Également, un élément-clé de l’exposition est la répétition, car nous pouvons avoir de la difficulté à s’exposer une journée, puis y arriver le lendemain, vice-versa. Il est alors recommandé de s’exposer plusieurs fois par semaine, et idéalement, plusieurs fois par jour jusqu’à la réduction ou l’extinction répétée du niveau d’anxiété.

Enfin, il est important de prendre le réflexe de noter notre niveau d’anxiété, nos pensées associées à l’anxiété et nos réactions comportementales durant l’exposition, avant l’exercice, pendant celui-ci et après l’exposition. Ces renseignements permettent de faciliter l’exercice et de travailler sur la gestion émotionnelle et la restructuration cognitive en parallèle.


Et les jeux dans tout ça?


Lors de précédentes présentations, j’abordais l’utilisation des jeux de société dans la gestion de l’anxiété. Peut-être avez-vous déjà mentalement identifié des liens entre des genres de jeux de société et le concept d’exposition.

Le concept même de jeux de société peut activer plusieurs peurs/dangers chez certaines personnes. On retrouve notamment les variables de la peur de l’échec, la peur de faire des erreurs, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de l’exclusion sociale ou la peur d’avoir l’air ridicule…

Ces peurs se retrouvent dans plusieurs troubles anxieux, tels que l’anxiété sociale, l’anxiété généralisée et l’anxiété de performance.

En ce sens, pour des individus ayant des symptômes anxieux ou des troubles anxieux, le contexte d’une soirée sociale de jeux de société peut devenir une situation anxiogène qui active plusieurs craintes et appréhensions!


Combiner jeux de société et exposition


Pour une personne qui souhaite apprendre à tolérer son anxiété et s’exposer graduellement à celle-ci, les jeux de société deviennent alors une source ludique d’exposition.

Afin d’en comprendre le sens, nous allons explorer ensemble les étapes de l’exposition.

« Marie, 22 ans, vit de l’anxiété de performance. Elle est très exigeante envers elle-même, s’impose de toujours réussir et avoir de meilleurs résultats que les autres. Si elle fait des erreurs ou échoue, elle se sent stupide et incompétente et à tendance à se rabaisser. Marie a ainsi une grande peur de faire des erreurs « stupides » durant le jeu. Elle essaie alors d’avoir le plus possible le contrôle de son jeu.

Échelle d’anxiété : crainte d’avoir l’air incompétente 4/10, crainte de faire une erreur 6/10, crainte d’échouer/de perdre 8/10

Exposition graduelle : l’objectif est de sélectionner des jeux dans lesquels Marie n’aura pas tout le contrôle de son jeu (car le contrôle est un comportement sécurisant pour elle), et un jeu dans lequel les erreurs sont normales et correctes (normaliser le fait de faire des erreurs).

Exemples de jeux de société : tout d’abord, considérant la peur d’avoir l’air incompétente, Marie pourrait s’exposer à essayer de nouveaux jeux qu’elle ne connaît pas et dans lesquels elle va naturellement devoir poser des questions et apprendre. Par la suite, il serait pertinent qu’elle s’expose à des jeux ayant une composante de hasard pour graduellement apprendre à lâcher prise sur le contrôle et accepter de ne pas réussir. Enfin, augmenter le niveau de difficulté du jeu et augmenter l’intégration du hasard dans le jeu, pour que Marie s’expose à vivre l’échec et qu’elle apprenne à le tolérer.

Craintes et jeux de société

Lors d'une présentation, d'identifiait des genres de jeux pour s’exposer aux différentes peurs, voici un résumé de mes observations et analyses :

1) La peur de l’inconnu et de l’incertitude : crainte de ne pas savoir ce qui va se passer dans le jeu, être constamment en situation d’adaptation, notamment lorsque la planification est difficile à faire :

· Pandémie

· Arkham Horror

· Cthulhu Death May Die

· Spirit Island

· Nemesis et Nemesis Lockdown

· Les jeux d’évasion (Unlock et Exit)

· Les jeux de styles « dont vous êtes le héro » (Tales of Arabian Nights, Gloomhaven)


2) La peur perdre le contrôle :

· Smallworld

· Lords of hellas

· Twilight Imperium

· Rising Sun


3) La peur d’échouer, la peur de l’échec :

· Anachrony

· Terraforming Mars

· Teotihuacan

· Underwater cities


4) La peur de l’imperfection (comparaison sociale) :

· Téléstration

· Les jeux de party

· Les jeux de calcul mathématique (très futé, vraiment très futé)


Elsa Brais-Dussault, D.Psy

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